Tiens, cet après-midi, j'ai aspiré un peu de bonne fumée verte. Ça m'a inspiré plein de pensées. Des pensées joyeuses, surtout. Joyeuses!
J'y mets un point d'exclamation simplement parce que j'ai vu une différence. Normalement, quand je prends ce chemin, ça me stresse. Je suis continuellement en jugement de moi-même, et je ressens fort ce grand vide.
Mais pas tantôt, pas aujourd'hui. Et ça me dit que j'ai changé. La plus belle chose qui soit changée, c'est que je m'accepte dans mes imperfections. Pas toujours, pas à 100%, mais ça fait une maudite belle différence comparé à mon habitude. J'ai envie d'être seule? C'est correct. C'est juste moi, aujourd'hui. Mais ça ne me définit pas.
Et juste là, j'ai compris ce que voulait dire se connaître soi-même. Aller vers cette connaissance, ça avait toujours été flou. Ça veut dire quoi? Essayer plein de choses et voir ce qu'on aime? Oui, un peu. Mais aussi, et surtout, c'est une affirmation de tout ça. Même pas une affirmation face aux autres. Juste une affirmation face à soi. Face à ce qui se passe en dedans. Au lieu d'un jugement, une observation de qui on est. C'est très très fort en termes de contrôle de l'anxiété. Mais bref, ça n'aide peut-être personne, parce que je l'avais lu et relu. C'est juste là que je le comprends.
Mais, ça, ça va peut-être aider quelqu'un. Cet hiver, j'ai trouvé une route super rapide au développement personnel et à la connaissance de soi. C'est une route qui en demande beaucoup, par contre. On ne peut pas être super occupés et être sur cette route. Moi j'ai eu la chance d'être seule dans un appartement pendant trois mois cet hiver. Je pouvais pleurer, danser, maudire, écrire, être bordellique pendant quelques jours. Je sais que le cheminement n'est pas fini, et j'ai envie de le pousser, mais je ne peux pas encore, puisque je suis présentement très occupée et que le résultat serait négatif.
Alors voici le truc: remettre ses pensées en question. Ça a l'air un peu simple, mais c'est vraiment efficace. C'est aussi très difficile parce que l'orgueil (l'égo) et les réflexes vont à l'encontre de ce processus de remises en questions. Mais c'est aussi très doux. Une fois certaines choses de remises en question, il y a d'autres choses que l'on accepte naturellement chez soi.
Moi j'ai fait cela à travers l'écriture. L'écriture est vraiment efficace pour atteindre des couches très profondes. Étant donné qu'on peut se relire, on peut voir tous nos patterns beaucoup plus facilement et alors ça nous amène à écrire autre chose qui contiendra encore des choses à remettre en question. J'écrivais aussi par sujet. Quand un sujet me venait en tête, je le mettais comme titre à un nouveau paragraphe et j'écrivais. Ou si le sujet existait déjà, je continuais le paragraphe entamé. En datant chaque nouvelle addition à mon recueil. Et comme ces réflexions en amenaient d'autres plus vite que je pouvais écrire, je prenais les nouveaux sujets en note. Comme ça, ça me permettait d'exprimer beaucoup de choses qui devaient l'être et par la suite d'analyser les patterns d'où venaient les pensées entrecroisées ensemble.
Par contre, cela devait être fait main dans la main avec un désir de vivre mes émotions. D'ailleurs, avant d'en arriver à cette petite thérapie par soi-même, j'ai appris pendant plusieurs mois à vivre mes émotions. Quand j'en avais une, j'allais me coucher et je me laissais la vivre. Relâchement total, après un bout. On observe son corps, les sensations dans le ventre, la gorge serrée, les larmes qui coulent. On observe notre désespoir, sans l'arrêter ou le juger. On sens les vagues de colère qui passent et on les laisse passer. Ça fait du bien de vivre l'émotion comme elle vient sans se juger. Ça décrispe un peu. Et après, je pensais à ce que je pouvais faire pour que la même situation ne revienne pas. Soit en me demandant quelque chose à moi-même, soit en demandant à quelqu'un de me soutenir dans ma démarche.
C'est très difficile à faire, ce chemin vers la responsabilisation de ce qui m'arrive, ayant été schizophrène dans mon identitié, entre bonne petite fille qui suit le droit chemin des bonnes notes et de la crise d'adolescence discrète et la jeune activiste qui refusait de faire la vaisselle (puisqu'on le demandait à la fille et non aux fils) ou de manger de la viande à 10 ans. Soumise quand j'avais besoin d'être aimée, enragée quand y'avait un trop-plein. Mais en remettant tout en question, y'a pas de choix, ça mène à la responsabilisation. Et en se remettant en question soi-même et non en se faisant remettre en question par quelqu'un d'autre, ça permet de commencer à baser son identité sur ce que l'on voit et non ce que les autres voient de soi.
Je donne un exemple du processus de remise en question. Alors il y a une collègue qui m'ignore complètement. Quand c'est le temps de choisir le restaurant où nous irons manger, elle demande leur opinion à tous sauf moi, et ce n'est pas la première fois que ça arrive. Je reviens à la maison et, en me mettant à y penser, mes larmes coulent et je suis enragée. Je laisse mes larmes couler et je ne juge pas le fait qu'elles coulent pour si peu (à mon âge!). Ou je juge, mais je mets ça de côté et me reconcentre sur mes émotions et pleure de plus belle.
Après la séance de larmes et une bonne nuit de sommeil si besoin est, je me mets à écrire. Au début, j'écris que ma collègue est injuste. Que je lui en veux et que si elle me voyait pleurer, elle se sentirait sûrement mal. Puis, après avoir écrit quelques lignes dans ce sens, je me rends compte que je lui donne beaucoup de pouvoir. Et même en poussant plus loin, que c'est une situation où je lui donne un pouvoir dont elle se fout sur moi. Il n'y a que moi qui suis en réaction dans la situation présente. Elle ne pense rien à propos de moi, elle vaque à ses occupations. Et là je me dis qu'elle est égoïste, qu'elle pourrait prendre en compte ce que son attitude fait sur moi avant d'agir. Puis je vois à nouveau que je me pose en victime d'elle. C'est plus facile de pleurer sur mon sort dans mon coin que de l'affronter.
Et je me rends compte que je me mets souvent dans des situations pareilles où les gens doivent me donner de la place, sinon je ne la prends pas. Et que je suis alors fâchée contre eux et je vis de l'injustice. Et là je pense à toutes les fois où je me sentais presque soulagée de me poser en victime et ça déclenche un gros jugement contre moi-même. Alors je me remets à pleurer et mon jugement est très déclenché et ma colère, aussi. Puis après quelques minutes, je me reconcentre sur mes émotions. Je mets ma main sur mon ventre et j'observe. Et goûte à mes larmes. Je sens mes muscles crispés. Puis je me calme et je recommence à écrire.
Là je remets en question le fait de me juger. Oui, je me suis mise souvent dans le rôle de victime. Non, je ne suis pas méchante et indésirable pour autant. Juste penser cela, c'est me victimiser doublement. Alors je me dis que c'est correct de m'être posée en victime et que je suis en apprentissage. Et je me dis que je vais être plus attentive à cela maintenant, vu que j'ai pu le reconnaître une fois.
Puis je me dis que je n'ai qu'à oublier ça, que toute la situation était dans ma tête, et qu'en fait elle m'apprécie autant que les autres. Puis je remets ça en question. Oui, les émotions que j'ai ressenties m'appartenaient, et à moi seulement. Oui, je les ai laissées prendre beaucoup de place. Mais elles ont été déclenchées par une réelle omission de prendre mon opinion en compte, ce qui a déclenché quelque chose de gros chez moi. Et ça pourrait se reproduire. En fin de compte, elle a pu avoir plusieurs raisons pour ne pas me consulter, mais ce n'est pas un oubli passager, car ça fait plusieurs fois que ça se produit.
Alors, je me rends compte que ne m'affirmant que très peu, il est possible qu'elle se soit rendu compte que de ne pas demander mon opinion était sans conséquences. Peut-être qu'elle en a conclu que je préférais que les autres prennent les décisions à ma place, ou peut-être qu'elle a réellement un problème avec moi et espère que de m'ignorer me fera quitter le groupe de collègues. Peu importe, de toute façon, moi mon besoin d'être reconnue, donc aimée n'est pas satisfait dans la situation. Alors je me demande comment je peux faire pour ne pas me remettre dans cette même situation.
Et je me rends compte que je ne peux pas contrôler les autres s'ils ne veulent pas coopérer, je ne peux que modifier mes actions moi-même. Alors je me demande comment je peux agir pour que ça me satisfasse. Et j'en conclus qu'au moment où elle parlait aux autres de l'activité, j'aurais facilement pu dire quelque chose comme ah oui je trouve que ce restaurant est bon, je suis d'accord, ou non, j'aimerais mieux aller à tel endroit. J'aurais aussi pu dire directement que ça m'intéresse d'y aller avec eux mais que je ne connais pas de bon restaurant. Si j'avais besoin qu'on m'écoute, je pouvais prendre la responsabilité de mon besoin et l'exprimer. Et si je ne suis pas écoutée par la suite, par aucun collègue, et que ça se reproduit, je pourrais remettre en question ces relations et décider de ne pas me mêler aux autres parce que la situation ne m'apporte pas de plaisir.
Peu importe la solution, il faut que ça passe par une action de ma part. Ce qui augmente automatiquement mon niveau de responsabilisation de moi-même. Et peut-être que ça m'emmène à observer pourquoi le fait de ne pas être consultée déclenche mon sentiment d'être rejettée. Et je peux faire le lien avec des expériences similaires dans le passé et me rendre compte que je saute à la conclusion que la situation est la même dans le présent. Et je peux remettre en question ce sentiment de rejet. Puis par la suite je peux me remettre encore plus en question et donner aux gens le droit de ne pas vouloir passer du temps avec moi pour toutes sortes de raisons qui ont plus ou moins rapport avec ma personne, sans que ça ne définisse quoi que ce soit de réel à propos de moi.
Et avec chaque ''cycle'' de remise en question, je me responsabilise et je me connais mieux. Je m'affirme davantage et je me sens mieux dans ma peau. Je vis plus mes émotions et ça me permet de plus ressentir ce qu'il y a autour de moi et en moi, d'être davantage dans le moment présent. Je ressens donc plus le négatif sans que ça me plonge autant dans la déprime, car ça vient et ça part, et je vis plus intensément les émotions positives qui m'habitent et qui sont stimulées plus facilement par les petites choses simples de la vie (le soleil, le vent, les bonnes odeurs...).
Alors voilà un exemple fictif de ce qui peut se passer en moi quand je vis un moment difficile et que j'utilise la remise en question pour devenir plus qui je suis. C'est moi qui n'ai aucun diplôme ou expérience soutenue là-dedans qui me suis développée cette façon de faire, alors, allez-y molo si ça ne va vraiment pas bien, car ça peut être intense par bouts d'attaquer son égo comme ça. J'espère que ça pourra aider quelqu'un à avancer, et n'hésitez pas à laisser des commentaires!