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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 22:36

Je suis en amour. Avec une grande famille. Ma nouvelle famille, une école de jeunes clowns. Je n'aurais pas pu trouver de meilleure façon de terminer l'année et mon stage en Amérique centrale.

 

Comment décrire? Je me promène dans la ruelle de l'école en début de soirée (et me sentant en sécurité, pour faire changement du Honduras), et les familles sont assises dehors. Il y a des enfants qui jouent. Chez une famille, on joue de la guitare. Chez l'autre, du tamtam qui sonne comme étant fait de plastique. Les familles sont vraiment pauvres, mais il y a quand même de la chaleur qui provient de chez eux.

 

Tout-à-l'heure, je me suis permise d'aller seule profiter du chapiteau de l'école. C'est en fait un plancher de bois par-dessus lequel il y a un toit de paille. Il est sur le terrain de l'école mais un peu retiré. Je suis allée y mettre la Bottine souriante puis Jean Leloup et danser dans le noir. Danser, sourire, rire.

 

2013 fut une drôle d'année. Une année d'apprentissages multiples, déjà, sur mes émotions et mon bonheur. Une année de maturation. De réflexions. De découvertes.

 

Comme j'ai dit à un ami, si je peux un jour créer ou vivre dans une communauté qui ressemble un peu à ceci, je serai heureuse et accomplie.

 

*Ne pas trop se méprendre non plus. Je l'ai dit, je suis en amour, et sur un petit nuage alors je mets de côté ce qui ne va pas avec l'image parfaite, c'est-à-dire les chicanes de familles, les jeunes qui consomment de la drogue trop jeunes, le fait que le pouvoir est mal réparti, qu'il y a de l'intimidation au sein même de la famille entre les jeunes, qu'il manque souvent de direction. Il reste qu'il y a aussi beaucoup d'amour et de beauté et de victoires. Ce n'est pas pour rien que je suis en amour..!!

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 17:47

Depuis septembre. Ça fait depuis septembre que j'ai envie de vous jaser de politique hondurienne (je n'aime pas vraiment ce mot, on dirait ordurienne - ok, un mot qui n'existe pas, mais vous comprenez l'idée...). Bref, je repoussais toujours le moment de vous en parler, comme si j'allais éventuellement avoir assez d'informations pour vous faire une portrait parfait. Ah perfectionnisme, quand tu nous tiens!

 

Donc là je suis sur un traversier entre Ometepe et San Jorge pour retourner à Granada, où je vis présentement (l'explication de cette nouvelle demeure vous arrivera sous peu - j'essaierai!) et j'écris sur papier ce qui sera transféré sur le blogue. Je fais ça pour ne pas être influencée par les résultats des élections qui ont eu lieu hier et que je ne connais pas.

 

Bon, on va commencer par le commencement. Ça a quand même brassé politiquement au Honduras dans les 5 dernières années. En 2005-2009, Manuel Zelaya était au pouvoir. Officiellement, les gens étaient effrayés car il voulait apparemment modifier la constitution pour que le même président puisse faire plus d'un mandat de suite, ce qui était contre la constitution (c'est un article immuable de la constitution). Officieusement, les entreprises voulaient l'avoir dans leur main et il n'embarquait pas. Peu importe la raison, il fut tassé du pouvoir lors d'un coup. Il fut transporté et exilé au Costa Rica (il a depuis pu réintégrer le pays en 2011). Certains ont manifesté au pays, alors le gouvernement de transition a proclamé l'état d'urgence et mis en place un couvre-feu strict dans certaines régions qui devait durer 72 heures mais qui en dura plus d'un mois (et selon ce qu'on m'a dit, les gens n'avaient que quelques heures par jour pour faire des achats avant de devoir retourner à la maison). La communauté internationale n'a pas reconnu le gouvernement de transition et le Honduras perdit l'appui de certaines organisations (comme la Banque mondiale et la Banque interaméricaine pour le développement) pour un certain temps, ce qui est difficile car le tiers du budget de Honduras est de l'aide étrangère. Il y eut une longue période de remous intenses au Honduras avec de nombreuses personnes assassinées et des protestations de la population réprimées. La communauté internationale a demandé la restauration de Zelaya au pouvoir, en vain.

 

Puis, heureusement, quelques mois plus tard en novembre 2009, il y eut des élections. Le parti nationaliste fut mis au pouvoir. Et ça nous mène à cette année. Au lieu de se jouer entre le parti national et le parti libéral, comme traditionnellement, ça s'est joué entre le parti national et le parti Libre (dit libré), qui fut formé récemment, en 2011, en réaction au coup d'état. La caractéristique intéressante de Libre, c'est que la femme qui le dirige, Xiomara Castro, est la femme de Manuel Zelaya, le président du parti Libéral jadis exilé. Les gens la considèrent en général comme la marionnette de son mari.

 

(Avertissement. à partir d'ici on est le lendemain, et bien que je ne sache toujours pas qui a été élu car je n'ai pas regardé, je sais maintenant que les Honduriens ne font pas trop de grabuge suite au résultat du vote. Honnêtement, pour moi ça veut dire que le parti National a sûrement été ré-élu car si Libre avait été élu, je crois qu'on crierait au meutre au Honduras. Bref, ça va peut-être modifier comment je vais écrire ce qui suit, mais j'espère pas trop.)

 

Là je crois que je vais pitcher plein d'informations un peu au hasard, car je ne sais trop comment les classer.

 

Donc selon ce que j'ai compris, le parti Libre est un parti très à gauche. Cela fait très peur à beaucoup de Honduriens à cause de ce qui s'est passé au Nicaragua, où les États-Unis ont supporté les rebelles quand le Nicaragua a fait la révolution pour changer le système politique qui était plus ou moins une dictature. Il y a donc eu une guerre d'une dizaine d'années au Nicaragua, dans les années 80. Vous ne saviez pas, hein? Moi non plus, avant de venir ici. En ce moment, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, fait un deuxième mandat alors que c'est strictement interdit dans la constitution nicaraguaienne, qu'il désire d'ailleurs changer pour pouvoir être ré-élu tant que le peuple en décidera ainsi.

 

Bref, avec la guerre qu'il y a eu au Nicaragua, ce n'est pas si surprenant que les Honduriens aient peur de la gauche. On peut tout de même se demander si ce fut vraiment une mauvaise chose pour le Nicaragua au final. Les gens, d'après ma courte expérience des deux dernières semaines, semblent plus énergiques qu'au Honduras, où ils semblent pour la plupart dans un cycle infernal où le conservatisme garde les gens un peu amorphes et sans l'espoir que le moindre effort leur donne un peu plus de facilité dans la vie. Enfin, c'est mon jugement personnel, et il faut dire que j'ai passé le plus claire de mon temps dans une petite communauté relativement isolée.

 

Donc il y a Libre, qui argumente que trop d'argent est mis dans l'armée (ils veulent d'ailleurs dé-militariser le Honduras) et que plus d'argent devrait aller dans l'éducation au Honduras. Il y a Libre, dont les membres sont reconnus pour avoir fait une série d'actions, comme mettre le feu à des restaurants issus de chaines internationales, comme des manifestations. Il y a Libre, dont presqu'une vingtaine de candidats et d'activistes se sont fait assassiner durant la dernière année (nombre plus élevé que pour tous les autres partis réunis). Il y a Libre, parti pauvre dont les candidats devaient se financer eux-mêmes contrairement au parti national qui avait sûrement beaucoup de financement provenant des poches du gouvernement même (je serais étonnée que ce ne soit pas le cas, vu le niveau de corruption du pays).

 

Il y a le parti Libéral dont on a peu entendu parler, sinon pour se faire dire qu'ils sont présentement main dans la main avec les entreprises pour leur donner plein de passe-droit (alors que les entreprises ici ont déjà vraiment beaucoup de passe-droit - la plupart ne paient pas d'impôts par exemple).

 

Et il y a le parti Nationaliste, parti sortant, qui est très conservateur. C'est intéressant car quelqu'un m'a dit que le président sortant, était plutôt vers la gauche, alors que celui qui se présente aux élections de cette année, Juan Orlando Hernández, est très à droite (il faut se rappeler qu'un président ne peut avoir plus d'un mandat, c'est pourquoi ce n'est pas le même qui se présente). Bref le président sortant, très généreux (haha), a développé le programme de don aux femmes pauvres. Plusieurs femmes pauvres ont donc reçu des fours pour faire des tortillas destinés à la vente 8wow, tu les as sorties d'affaire là!). Aussi, les mères célibataires recevaient 10 000 lempiras (environ 500$) par année sur quatre versements, ce qui est énorme compte tenu du fait que certaines personnes faisaient environ 50$ par mois. Vous auriez dû voir le nombre de kiosques qui étaient montés pour vendre toutes sortes de gogosses à côté du local où les femmes recevaient l'argent, toutes en même temps, aux trois mois! C'est sûr qu'elles ont besoin d'un appui financier quelconque, mais en même temps rien ne semblait fait, ou peu, pour éduquer les femmes de façon à ce qu'elles n'aient pas des bébés à partir de quinze ans et pour contrer l'attraction probable qu'une maternité rémunérée a sur les jeunes femmes. Et puis à part ça, tout accomplissement fait "par le parti National", incluant faire venir des médecins d'autres pays - Cuba - pour prodiguer des opérations gratuites était étampé et publicisé parti national. Il semble y avoir un très grand flou entre ce qui appartient au gouvernement et ce qui appartient au Parti en campagne électorale.

 

Bref, ça c'était l'ancien président, mais celui qui se présentait à cette élection martelait deux choses: l'emploi et la sécurité. Et la sécurité pas de n'importe quelle manière: il voulait tout simplement augmenter le nombre de policiers sous-payés et sous-entraînés (jugement personnel basé sur mon expérience de la police hondurienne) dans les rues. Quoi de mieux pour garder les gens "normaux" les fesses serrées, pour donner un semblant de sécurité alors que derrière les portes les gens riches et croches ont assez d'argent pour corrompre le policier le mieux intentionné (ce qui est peut-être rare dans un milieu où corruption est chose courante). Bref, c'est honteux de vouloir investir dans cette nouvelle police militaire qui ne fera que mieux contrôler la dissidence alors que les besoins en termes d'éducation et de développement d'alternatives et je dirais de lueurs d'espoir sont criants au Honduras. Surtout qu'en ce moment, le gouvernement hondurien est en retard pour payer ses docteurs, ses infirmières et pour remplir d'autres obligations financières - comme payer son dû selon contrat à l'organisation où je travaillais qui était supposée recevoir un montant de fonctionnement il y a un an! 

 

C'est fou comment la peur peut avoir d'impact sur les gens, et je dirais particulièrement pour ceux qui n'ont presque rien. En même temps je les comprends. Ils se disent sûrement que leur situation est déjà à la limite de la survie, et que si elle se dégrade même un peu, ils risquent d'y passer. J'ai passé du temps avec une dame déjà vieille dont le mari avait peine à trouver des clients et avait sûrement beaucoup de mal à travailler (sa posture laissait penser qu'il faisait sûrement de l'arthrite). Ce couple avait deux filles en fin adolescence, début vingtaine, dont une avait souffert de polio et qui était donc cloîtrée sur une chaise à longueur de journée. Cette dernière avait besoin de médicaments qui ne se trouvaient qu'à Tegucigalpa (la capitale), à cinq heures de là. La dernière fois qu'elles y sont allées, elles se sont fait dire que l'hôpital était en rupture de stock. Alors cette dernière souffrait en attendant de pouvoir mettre la main sur des médicaments à nouveau. Elle me dit qu'il fallait que les choses changent. Mais elle allait quand même voter pour le Parti Nationaliste. Elle me dit qu'apparemment le parti Libre était un parti communiste et ne savait pas exactement pourquoi c'était mauvais, mais elle en avait peur.

 

Ça m'a fait tellement de peine. Je comprenais qu'elle avait peur de ce qui pouvait arriver si les choses changeaient pour le pire. Au moins, elle connaissait la situation présente et savait qu'elle pouvait à peu près survivre dans ces conditions. Mais ça m'a aussi fâchée la désinformation et l'utilisation de la peur pour gagner l'élection (ce qui n'est pas si différent de chez nous). Je ne dis pas que tout serait rose avec le Parti Libre au pouvoir, mais je me dis que la police militaire est loin d'être ce dont le Honduras a besoin. Ne vous inquiétez pas, je suis restée neutre dans mes conversations avec les gens. Je ne crois pas par exemple que les gens se sont rendu compte à quel point je désapprouvais le fait qu'une dame votait nationaliste pour ne pas perdre sa job, car son poste était en théorie un poste politique (en réalité il n'avait aucune raison de l'être, car elle ne faisait que vérifier si les cargaisons arrivant au port étaient complètes), ou qu'ils se sont rendu compte que je désapprouvais son mari qui disait haïr les traditions et la corruption du parti national, mais qui voterait tout de même pour le parti national à jamais.

 

Ah oui je dois vous citer des extraits (traduits par moi) de la loi électorale du Honduras.

Article 146: La propagande électorale doit rester dans les limites de la morale et de l'éthique.

Article 147: Est interdite la propagande anonyme et celle qui promouvoit l'abstentionnisme (à bas les anarchistes!), le non-respect de la loi ou des institutions politiques et la dignité des personnes. Cinq jours avant l'élection, aucune manifestation publique, aucune propagande politique sur matériel imprimé, audiovisuel, électronique, radipophonique, magnétique ou autre. Ceux qui se présentent peuvent utiliser les moyens de communication pour expliquer leur programme politique.

 

Oh aussi selon un article que j'ai lu, le président passé a subtilement changé les choses pour devenir dans les faits, en plus de chef d'État, chef du Congrès, de la Cour suprême de Justice et de la Fiscalité. En effet, il a destitué quatre magistrats (allant à l'encontre de la constitution hondurienne), et a destitué le Anterior Fiscal (ça sonne comme celui qui s'occupe de fiscalité) qui devait plutôt finir début 2014, après 5 années de service. Ok, il n'a pas changé la constitution pour pouvoir être ré-élu, sauf que...

 

J'ai de plus lu un autre article qui parlait un peu de l'ingérance des États-Unis dans la politique du pays. L'auteur s'appelle Edmundo Orellana. Il affirme que les narcotraffiquants sont immiscés dans la politique du Honduras et donc que le système politique et judiciaire se mettent au service du crime plutôt qu'à son combat. Selon lui, l'ambassadrice des États-Unis a fait deux publicités: une qui demande aux candidats de ne pas accepter d'argent sale pour faire leur campagne et une autre qui demande aux entreprises faisant du blanchiement de collaborer avec les autorités (bien remarquer qu'elle n'a pas directement demandé d'arrêter le blanchiement - ça bénéficie les États-Unis ce blanchiement?). Il désapprove le fait qu'elle se mêle de la politique locale comme si c'était son pays (mais bon, c'est quand même les États-Unis), mais finit en disant que son intervention est somme toutes normale, dans un pays où l'autorité est insuffisante pour lutter contre le narcotraffic.

 

Sur ce, je vais de ce pas voir qui a gagné pour faire quelques commentaires à ce propos. On m'avait prédit, des deux côtés, que ça brasserait un peu si le parti national était ré-élu vu que les partisans du Libre sont reconnus comme des faiseurs de trouble (l'équivalant des carrés rouges on va dire). Moi j'ai plutôt rencontré des gens qui parfois hésitaient à s'afficher Libre de peur de représailles, vu les meutres de candidats et activistes Libre des derniers mois.

 

Bon, comme je m'y attendais, le parti national a gagné. Quand même, à seulement 34.15% contre 28.45%, la différence est mince! Xiomara, la leader de libre, a accusé le gouvernement de fraude électorale. (Ça me fait penser que j'ai oublié de mentionner qu'il y a un an, il y a eu une genre de pré-élection où les candidats à la présidence sont choisis pour chaque partis. Ce sont les citoyens qui votent pour la personne qu'ils voudraient voir au pouvoir et comme cela il ne reste qu'un candidat par parti. Eh bien apparemment qu'au début beaucoup plus de gens votaient pour l'un ou l'autre des candidats de Libre, puis il y a eu une panne de courant d'une heure au niveau du pays, et tout à coup ce furent les candidats du parti National qui avaient le plus de votes. Bref c'est ce que quelqu'un d'ici m'a raconté, mais je n'ai pas vérifié l'information). Cet après-midi, les étudiants sont sortis dans la rue à Tegucigalpa pour contester les résultats de l'élection, donnant leur appui au part anti-corruption et au parti Libre (j'avais oublié de mentionner précédemment que nouveau fait à cette élection, le nombre de partis se présentant avait doublé pour atteindre 9 partis, montrant l'insatisfaction générale, mais divisant aussi les votes). J'ai eu le malheur le lire les commentaires sous l'article parlant de la manifestation. On peut y lire les traditionnels commentaire qu'étrangement, on retrouve chez nous aussi "maudits anarchistes, on est tannés de les entendre, ça a été voté alors fermez vos gueules, qu'on utilise la force policière et le poivre pour les tasser de là, etc). Comme quoi le monde est petit!

 

Je vous laisse sur un graffiti que j'ai vu un jour alors que je voyageais en bus et qui a fait ma journée: 

No es crisis, es el sistema

(Ce n'est pas une crise, c'est le système) 

 

:)

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15 octobre 2013 2 15 /10 /octobre /2013 18:13

J'ai eu mes vacances hors du Honduras (ajout: à noter que ça fait partie du Honduras, c'est juste culturellement très différent alors je me suis permis d'en faire un pays à part entière). Dans un petit paradis. C'est un de ces endroits à la culture un peu floue, ni occidentale, ni latine. Une culture de voyageurs qui profitent du moment présent et qui exagèrent dans bien des sphères de leur vie (consommation, sexe, passions...). Cet endroit se nomme Utila. 

 

Utila est une petite île. Pas très jolie. Des plages décevantes. Un horizon restreint. Deux rues principales. MAIS, tout près se retrouvent des paysages marins incroyables. Des requins-baleines, les plus gros poissons au monde (j'ai nagé avec l'un d'eux). Des dauphins, des pieuvres, des tortues, des hippocampes, des crevettes, des crabes, des poissons fluorescents. Des épaves. Des cavernes. De la profondeur. Et des voyageurs toujours prêts à s'amuser. Après avoir vécu 3 mois à San Marcos de Colon, où les gens se couchent à 20h30 et la chose la plus excitante à faire pour les enfants est... jouer au soccer dans un champ? (Il n'y a même pas de terrain de jeux ni de piscine publique).

 

Bref, j'ai adoré mes vacances! Ce qui explique que je ne vous aie pas donné de nouvelles ici. Et j'espère grandement pouvoir y retourner en décembre, à la fin de mon stage. Passer Noël au soleil, ce ne serait pas si mal... ;o)

 

Mais ça veut dire que j'ai mille sujets à rattraper - ouch! Je vais faire un effort, mais mon ordi n'est pas fonctionnel en ce moment. Un petit pas à la fois... 

 

Anecdote, j'ai rêvé qu'un homme voulait me frapper dans la cicatrice pour la rouvrir. Je crois que j'étais à moitié consciente que je faisais un rêve, mais c'est comme si je ne voulais pas laisser penser à mon inconscient que je laisserait cet homme me blesser sans me battre, alors j'ai utilisé toute ma colère pour frapper cet homme - ce qui a résulté en un réel coup et fait tomber tous les objets sur ma table de chevet. Rien de cassé heureusement, sauf cet homme dans mon rêve. Pe-ping! 

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29 août 2013 4 29 /08 /août /2013 20:40

Je marchais sur le bord de l'"autoroute" après avoir joggé le matin. C'était ma première fois seule.

 

Il y a une chienne de grosseur moyenne et son ami chien qui vont passer à côté de moi. Ils sont encore à deux mètres. Salut, chien!

 

La chienne passe à côté, assez proche. Un peu trop proche, c'est bizarre. Je regarde par-dessus mon épaule. Elle a la bouche ouverte, à un poil de ma cheville, mais ne mord pas. Hey! Je me retourne pour lui faire face.

 

Elle jappe, puis grogne en me regardant la jambe et je sais qu'elle se prépare. Câlisse, va falloir que j'me batte avec une chienne aujourd'hui. Bon matin!

 

D'un bord, y'a mon cerveau qui se prépare à la douleur. Bon, désolée, ça va un peu pincer. De l'autre, il commence paresseusement à mobiliser sa colère pour rétorquer. Comment je pourrais faire pour pas que ça fasse trop mal. Je pourrais peut-être lever le pied pour bloquer sa gueule mais ça risque de la faire attaquer. D'un coup qu'elle changerait d'idée si je reste tranquille. Pour le moment c'est un meilleur plan de ne pas bouger. Mais si elle m'attaque, est-ce que j'aurai assez de colère pour bien réagir et ne pas sentir la douleur? Batince que ça m'tente pas! Et si elle avait la rage? Bonne idée le jogging Val. En-t-k il faut que j'protège mon cou. J'sais pas comment ça attaque un chien. J'imagine que ça dépend si elle veut me tuer. Est-ce qu'elle essayerait de me mordre le cou? Là elle a l'air pas mal concentrée sur attaquer ma jambe, éventuellement. Maudit qu'ça va faire mal.

 

C'est fou la vitesse des pensées sous l'adrénaline!

 

Puis, sauvée! Sa maîtresse lui crie de ne pas faire ça pendant que j'en profite pour reculer, tourne de bord et commence à marcher, et des cyclistes qui ont vu la scène passent tout près à toute allure et peut-être la bottent. En-t-k j'l'entends pleurer. Désolée chienne mais tu l'as quand même cherché. J't'avais rien fait, t'as juste profité du fait que vous étiez deux et que j'étais seule (bon, ça t'a peut-être insulté que j'te regarde en te disant salut chien - comment ai-je osé?). J'pensais que c'est surtout avec les humains qu'il fallait se méfier d'être seule mais apparemment non. En-t-k tu me donnes une bonne raison pour ne pas retourner courir. J'vais plutôt danser dans ma chambre. Question de me sentir un peu plus emprisonnée.

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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 13:27

Bon, j'pense que je peux vous en dire un peu plus sur les dangers et "LE" danger ici.

 

Comme j'ai expliqué, c'est toujours là, à quelque part dans notre cerveau. Ici, c'est dangereux. Le problème, c'est qu'en plus d'être dangereux, c'est impuni. Avec quelques dollars, tu peux faire oublier le meurtre que tu as commis hier, ou le faire mettre sur le dos de quelqu'un d'autre. Ça, c'est la faute de la corruption qui est partout ici (mais ça fera l'objet d'un autre article).

 

Bref, je suis dans un coin plus tranquille du Honduras, mais pas sans risque pour autant. Ce n'est pas évident pour les gens d'ici d'avouer que c'est dangereux et qu'on ne se sent pas totalement libres. J'imagine qu'ils se sentent coupables à quelque part, même si un individu seul n'y peut pas grand chose. Je ne sais pas ce que ça prend en fait. Ben, c'est sûr que dans ma tête à moi, une société où on accepte la violence envers les animaux, c'est déjà mal parti. Et ici les petits chiens innocents ne le restent pas longtemps, et ont rapidement peur des gens, à se faire tirer des pierres parfois sans raison. C'était la même chose en Thaïlande, la violence envers les animaux, souvent tout à fait gratuite.

 

Il y en aura pour dire que c'est "naturel" comme façon d'être. Que les gens de ces pays vivent avec moins de règles que nous et de façon plus humaine. Je trouve qu'ici il y a surtout plus de règles sociales de "bonne conduite". De "hiérarchie". De "gros bon sens" (Mais c'est vrai qu'il y a moins de règles légales encadrant les agissements des gens en société) Au final, selon moi, les gens dirigent leur conduite par peur (de dieu ou d'une autorité parentale quelconque). Donc quand il y a une petite fenêtre où on ne se fera pas prendre ou quand ça devient trop lourd, on se laisse aller à suivre nos pulsions. Ce n'est pas vraiment différent chez nous. J'en connais plein qui n'ont pas vraiment de boussole morale interne et qui se gardent de faire des trucs "pas bien" par peur des autorités, de dieu, ou du jugement des autres. Mais c'est sûr que dans un endroit où y'a de l'impunité et de la pauvreté de surcroît, ça coûte moins cher de faire ce qui est "interdit". En ajoutant aussi l'insensibilité amenée par la violence qu'il y a tout autour dans l'environnement (envers les animaux, la violence emmenée par la pauvreté elle-même, et chaque jour aux nouvelles, ils présentent toutes les personnes qui se sont fait tuer, et en plus les images sont plutôt graphiques).

 

Et que s'est-il passé du côté du "danger" dans mon entourage depuis mon arrivée? La semaine dernière, mon collègue (un Hondurien) s'est fait agresser et voler en sortant de la banque dans la petite ville près d'ici (à environ 1 h).

 

Il y a quelques semaines, je suis sortie du travail et juste en face, il y avait étendu dans la rue un vieil homme et du sang sous sa tête. Il avait été frappé par une moto (les jeunes hommes en moto sont vraiment dangereux ici) une dizaine de minutes avant. Il y avait plein de gens proches, mais les gens ne savent vraiment pas comment réagir. Il est resté assez longtemps sur le sol, puis ils l'ont relevé assez raide et l'ont porté sous leurs bras pour l'emmener à la clinique. Il avait un morceau de chair qui pendait un peu sur le côté de sa tête. Les gens n,ont aucun connaissance des premiers soins et pour ma part, ça a pris trop de temps avant qu'ils l'emmènent à la clinique. J'essayais de leur expliquer qu'il fallait lui mettre quelque chose sur la tête pour ne pas qu'il perde trop de sang, mais ils ne comprenaient pas trop. Puis ils sont rentrés avec lui dans la clinique, qui était juste en face! J'ai trouvé ça vraiment trop long, surtout vu la proximité de la clinique. Mais ça c'est juste dû à un manque d'éducation en la matière.

 

Dernière anecdote, si je peux appeler ça comme ça. Tantôt je suis allée manger un morceau de gâteau à la pâtisserie du coin, et une dame est venue jaser avec la vendeuse et nous a appris qu'un homme a été tué en se faisant frapper la tête d'une pierre, hier soir. Ici, dans notre petite ville. On ne sait pas pourquoi, mais c'était un homme qui buvait trop et tout le temps. Est-ce qu'il y en a qui ont décidé de se faire justice, qu'il ne "servait" à rien ou juste de s'amuser parce qu'il était incapable de se défendre? J'en sais rien, mais il faut être sacrément insensibilisé pour tuer quelqu'un avec une pierre. Et ce que je sais, aussi, c'est que ceux qui ont fait ça n'auront pas l'ombre d'un trouble. Ark...

 

Ça me fait aussi penser à la réflexion que j'ai eu l'autre jour. Nous sommes allés en campagne visiter des amis à ma grand-mère d'accueil, et quand ils ont décidé de faire une soupe au poulet avec une poule de leur ferme, ma grand-mère d'accueil a voulu la tuer elle-même. Malheureusement, la machette qu'elle a utilisé après lui avoir vissé le cou n'était pas assez aiguisée et elle n'a pas pu trancher la tête. La poule est donc morte en perdant son sang. J'ai trouvé ça étrange, car autant quand j'étais jeune ça me faisait pleurer de voir un ver de terre se noyer, autant j'ai été surprise de constater que ce n'est plus si difficile de prendre une grande respiration et se détacher de la souffrance d'un autre être. J'avoue que ça m'a même dérangée de ne pas avoir été plus troublée de voir la poule se faire tuer (malgré tout, la soupe après me levait un peu le coeur - comme si les soupes au poulet que je mange d'habitude n'impliquaient pas l'abattage d'une poule) alors que la dame que l'on visitait, qui vit en campagne, n'a pas voulu voir la poule se faire tuer car ça lui faisait trop quelque chose. Je ne sais pas si ça a à voir avec le fait d'avoir cotoyé des gens vivant de grandes souffrances psychologiques ces dernières années qui m'a obligée à me détacher de la souffrance d'autres êtres? Ou si mon esprit a simplement appris à se détacher de ce qui lui est impossible à tolérer? Ou que j'ai appris à lever les épaules et baisser les bras face à ce genre de choses qui se passent de toute façon à chaque seconde? En-tout-cas, ça m'a fait surtout peur parce que je me suis dit que si un être humain est capable d'apprendre à se désensibiliser face à la mort d'une poule en prenant une grande respiration, c'est sûrement aussi possible pour celui qui n'a pas de boussole morale interne pour l'en empêcher d'abbatre un autre être humain sans trop de tourments. Et ça vient ébranler quelque chose de tellement fondamental en moi, de sentir que quelqu'un serait capable de tuer sans trop s'en faire avec ça. Je n'aime pas ça.

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18 août 2013 7 18 /08 /août /2013 18:08

Allo, allo, ça fait troooop longtemps que je n'ai pas écrit. Y'a plein de choses qui sont arrivées depuis la dernière fois, ouf! J'essaie de vous dire ça brièvement (ça veut dire allez vous faire du pop corn, ça va être long).

 

Il y a donc eu la Feria. Le jour qui fut particulièrement intéressant a été le jour du Carnaval. Les rues étaient pleeeeeines de gens. Ils avaient monté une dizaine de stages je dirais et y'avait toutes sortes de musique (enfin, quelques styles plutôt). J'ai passé la nuit debout avec une gang du Canada, et tôt le matin, on a été voir le lever du soleil en haut d'une colline.

 

Sinon, il y a eu plein de brouhaha à cause d'un cas de rapatriement d'un coopérant. Selon une dame qui travaille dans les ONG depuis longtemps, on fait généralement des rapatriements de la manière que ce fut fait dans les cas graves comme celui d'un coopérant qui aurait fait une agression ou autre du même genre. Le processus s'est ajusté en cours de route et semble plus adapté à une situation moins dramatique, mais j'avoue rester avec un certain questionnement sur les processus de rapatriement. M'enfin...

 

Depuis quelques jours, j'ai déménagé. J'étais chez une dame et je suis allée chez sa fille, qui a une chambre avec salle de bain que je vais dorénavant louer (et qui habite juste à côté, elles ont une cour commune). Je suis contente, car ça me donne la liberté de décider de ce que je vais manger, quand, et de combien de temps je passe entourée, tout en me gardant en contact avec des gens de la place, de bonnes personnes, ma famille hondurienne. En plus je peux continuer à utiliser mon espagnol souvent, ce qui est très positif.

 

Aussi, j'ai commencé samedi un cours de médecine naturelle. Une dame très connue dans le domaine au Honduras va me donner quelques minutes de cours hebdomadaire et quand je serai de retour je pourrai guérir mes rhumes avec des plantes (et les vôtres, peut-être bien!)

 

J'ai de plus une amie que je me suis fait quand j'ai suivi quelques jours de cours de "design de patrons de couture" là où je travaille. On se voit par exemple tantôt pour souper, alors c'est cool. Je suis aussi en contact avec une famille dont la fille a eu la polio est est en chaise roulante. Je vais peut-être faire un peu de peinture sur vêtements avec elle. :o)

 

Avec ces contacts avec des gens locaux ça me permet de comprendre tranquillement mieux la culture et de me sentir plus impliquée ici.

 

Sinon une chose qui m'exaspère ces derniers jours c'est le sentiment de danger omniprésent. J'suis plus capable! Emmenez-moi dans une forêt au Canada où je pourrai marcher en me sentant libre d'être qui je suis sans avoir peur de me faire agresser ou ressentir le poids de la violence dans l'environnement! Juste tantôt, je suis allée me promener en montagne avec ma grand-mère d'accueil, et à moment donné on marchait sur la route en attendant le bus, en forêt. Ben on ne peut même pas juste se promener en respirant. Il y a toujours la possibilité que les gens qu'on croise soient "mauvais". C'est toujours là au fond de notre cerveau. Sérieusement, ça, ça ne me manquera pas du tout. Et j'espère d'ailleurs que ça ne reste pas à jamais!! Je reveux mon innocence!!!! :)

 

Ah oui et par rapport au titre. Tantôt je suis allée prendre un café pour relaxer à un petit resto (maintenant je me donne le droit les samedis et dimanches pour pas surexposer mon ventre mais me faire plaisir quand même). Il y avait un vieil homme qui m'a demandé comme première question si j'étais mariée. Comme j'ai dit non il m'a expliqué que le temps va vite et qu'il n'y a rien de plus beau que de voir des enfants naître et grandir (pour une femme, sous-entendu). Ah et aussi il a insinué que s'il y a beaucoup de mères célibataires au Honduras, c'est que les femmes sont trop chaudes ici et qu'elles acceptent trop vite de se rapprocher de quelqu'un pour se marier mais se font laisser là pas longtemps après, enceintes (parce qu'elles sont responsable de leur sexualité ET de celle de l'homme, bien entendu). Je ne lui ai pas répliqué que ça aiderait si les hommes acceptaient de porter le condom et de reconnaître leurs enfants et s'en occuper. Mais bon, c'est la faute des femmes. ;o) . Reste que ça m'a fait rire à la fin quand j'suis partie après avoir parlé de la température hondurienne et canadienne (en général les gens pensent qu'il fait toujours froid au Canada), des moeurs canadiennes et de mon travail ici et que la dernière chose qu'il m'a dite fut "Casese!" (Marie-toi!)

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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 17:13

Je m’attendais à me faire siffler ici. On m’en avait beaucoup parlé. Tu marches dans les rues et y’a des gars en gang qui sifflent et s’entraînent les uns les autres à te dire des conneries. Un ami ici m’a expliqué que les gars font surtout ça pour montrer à leurs chums qu’ils sont game. Quand il m’a dit que lui, quand une fille lui plaisait, il allait lui parler, j’ai presque crié « Oui! ». Malheureusement, le sifflage donne l’impression que tous les gars ici sifflent, car on les remarque plus que ceux qui restent calmes (mais qui sont apparemment quand même trop gênés pour venir nous parler).

 

Mais une chose à laquelle je ne m’attendais pas c’était de ne pas pouvoir danser à l’aise et de me sentir vraiment comme un morceau de viande. Hier, je suis allée voir un show avec des amis québécois. La musique était intéressante, au début un style plus rock, puis de la musique latine avec un band énergique.

 

D’abord, il doit pas exister public plus amorphe. Je ne m’attendais pas du tout à cela, ayant dans la tête l’idée qu’en terre latine, c’est généralement énergique. Entre les chansons, il y avait environ une personne sur 30 qui applaudissait et une personne sur 100 qui criait (et y’avait max 300 personnes alors devinez qui criait  ). Il y a eu à moment donné une gang de jeunes hommes qui se sont mis à sauter en suivant la musique et ils étaient pas mal seuls à se laisser aller. Chez les autres, personne ne bougeait en suivant le rythme. Seuls quelques couples se sont mis à danser devant la scène quelques minutes avant qu’on parte. 

 

Moi, ayant décidé que je m’amuserais même si la foule était tranquille, je me suis mise à danser, et j’ai bougé pas mal tout le long que j’étais là. Je ne regardais pas les gens car c’était plutôt malaisant. Il y avait plusieurs personnes, surtout des gars, qui me fixaient du regard. Puis, un homme est venu se planter drette devant moi à un mètre et il m’a tranquillement regardé d’haut en bas. La moutarde m’est un peu montée au nez. Je l’ai regardé avec les bras ouvert exprimant « c’est quoi ton problème » et lui de m’exprimer par son attitude « ben hey bebé, tsé veux dire wink wink ». Comme il partait pas j’ai croisé les bras, fâchée, et nous avons décidé de partir. 

 

Un autre exemple fut de la nuit pendant laquelle nous sommes sortis au Club Lion (ici c’est l’endroit où les jeunes peuvent aller danser lors de soirées de temps en temps – et oui, c’est quand même un Club Lion comme chez nous!). D’abord, les gens dansent vraiment intense – et c’est encore plus vrai maintenant que je sais que lors des shows ils sont si tranquilles. J’ai quand même dansé avec un gars à moment donné, quoiqu’en gardant mes distances. Eh ben pendant la danse il a fait un petit signe de tête à ses chums voulant dire « regardez-moi comment j’suis hot je danse avec la gringa ». Penses-tu que tu vas danser à nouveau avec moi?

 

Puis dernière péripétie d'aujourd'hui, mon amie s'est fait pogner une fesse alors qu'on marchait... juste devant le poste de police! Par un ado de 14-15 ans de surcroit! J'étais vraiment fàchée, et lui il était vraiment bizarre, il ràlait pratiquement en nous suivant. Plus tard ma mère d'accueil m'a dit qu'on avait le droit de leur donner une claque à ceux qui font ça. Regardez-moi aller! Mais ça emmène quand mème la réflexion que si j'le gifle, j'approuve le fait que je suis la personne responsable de ne pas me faire agresser en répliquant par de la violence aussi. Je joue le jeu, finalement. Quelle part de responsabilité a la société pour changer cette dynamique entre hommes et femmes? Et qui, dans la société, sachant entre autres que le gouvernement a plein de chats à fouetter en même temps? 

 

Bref, ce que je comprends de tout ça, c’est qu’on n’a pas les mêmes repères culturels. Pour eux ici, c’était un peu déconcertant de voir déjà quelqu’un bouger un peu, et en plus une femme étrangère. J’imagine qu’ils ne savaient pas comment lire l’information. Mais il reste que la culture ici me semble très machiste. La culture semble encourager les hommes à se voir comme des prédateurs sans contrôle et les femmes comme des prix/proies potentielles. Ça enferme chaque sexe dans une définition mésadaptée pour beaucoup de personnes qui peuvent difficilement sortir du pattern en restant confiants. Bref, je pense que tous sont vraiment chanceux au Canada/Québec. Il reste de l’équilibre à faire, mais on peut de plus en plus se définir comme on veut sans devoir rester dans un pattern de genre qui ne nous ressemble pas. Et je ne parle pas seulement pour les femmes. Je connais plusieurs hommes qui trouvent ça dégradant d’être considérés comme des prédateurs hors contrôle. Mais pour le moment, je suis un peu triste de me dire que je vais pouvoir me laisser aller dans la danse surtout dans la privacité de mon chez-moi, ou dans le Club Lion à me faire dévorer du regard et à essayer de comprendre comment garder une distance confortable en dansant style latin. Triste…

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 19:27

Je vous écris d’un tout léger étourdissement dû au verre de vin local que je viens de prendre avec ma mère (ou grand-mère) d’accueil en écoutant une émission pendant laquelle une fille de dix-huit ans essaie de faire comprendre son point à ses parents : elle veut que son père la baise! Que bueno! (le vin, pas l ‘histoire! - fait de fruits et assez sucré et fort pour ressembler tout légèrement à un porto...).

 

Ici tout va bien. Depuis vendredi soir dernier et jusqu’à dimanche prochain, c’est la Feria. Un genre de festival qu’on nous a vanté comme un peu plus gros qu’il l’est vraiment. Enfin, jusqu’à maintenant. Car apparemment que samedi qui s’en vient, c’est quelque chose. C’est le Carnaval. On m’a comparé la nuit de samedi à St-Tite. J’ai hâte de voir!

 

Pour le moment on commence à être un peu tannées d’entendre continuellement des feux d’artifice, qui surgissent de n’importe où. C’est un peu tannant, surtout que ce ne sont pas de beaux feux d’artifice, c’est juste une fusée qui fait un gros boum. Au début, quand ils ont commencé à y en avoir à 4 h le matin, c’était facile de penser que c’était des coups de fusil. Maintenant ça fait juste nous réveiller. Quoique ma mère d’accueil m’a dit que la nuit dernière il y a eu un vrai coup de fusil vers 3 h. Faut aiguiser notre ouïe. Sinon y'a aussi de la musique à toute heure du jour ou de la nuit (sauf après 4 h les deux dernières nuits ça fait du bien).

 

Les perroquets qu’on a ici me font particulièrement rire. On va dire que ma mère d’accueil s’appelle Suzanna et son petit fils qui vit ici aussi (il a 12-13 ans) s’appelle Pedro. Ben un des perroquets, quand il entend quelqu’un dire leur nom, se met parfois à dire leur nom sans arrêt. Mais pas juste ça, quand quelqu’un rit il rit et quand quelqu’un pleure il pleure. Et c’est à s’y méprendre! C’est très divertissant.

 

Une journée typique on va dire ici est comme suit : je me lève vers 5 h (plus tard depuis le début de la Feria car je me couche plus tard et je dors mal avec tout le bruit), je vais courir avec les filles de Québec sans frontières (ils sont 7 de ce programme ici). Je déjeune (la comida tipica : des tortillas – de petites tortillas rondes ici – avec des bines et une combinaison des ingrédients suivants : œufs, avocat, fromage, mantequilla qui est quelque chose entre la crème et le beurre). Je fais des trucs personnels, puis je vais rejoindre ma comparse et on prépare notre projet, on prépare un cours de français qu’on donne à un gars ici qui va aller au Québec bientôt, ou on va voir nos courriels. Sur l’heure du midi on va faire des emplettes si besoin est, puis c’est le lunch (le seul repas un peu différent des autres en général). Un peu de lecture souvent, puis un peu plus de travail avec ma comparse. Finalement souper vers 18 h (comida tipica avec en plus parfois de la viande ou restes), puis de la lecture ou une sortie à la Feria ou des émissions locales (du type Aimer ou Les feux de l’amour). Mais là ça va peut-être un peu changer, car je sui en train de me faire des objectifs personnels et je vais modifier mes habitudes personnelles.

 

Ah oui! À partir de demain je vais avoir quelques jours de cours de couture! À l’organisation où on aide, il y a des cours de couture. Demain le programme : apprendre à prendre des mesures. M’a vous faire de ces vêtements à mon retour vous allez voir! J

 

Sinon c’est plutôt intéressant d’être à un endroit où je peux comprendre plus ou moins ce que les gens disent. Comme j’habite chez une femme qui a eu à se battre pas mal dans la vie (son mari est mort quand ses enfants avaient quelque chose comme 3 et 6 ans et quand sa fille est partie aux Etats-Unis elle a pris en charge son petit fils qui avait 3 ans et qui vit toujours avec elle), ses conversations ont souvent rapport avec la pauvreté ici. Selon elle et d’autres gens du coin, les gens sont pauvres au Honduras parce qu’ils sont paresseux et font plein d’enfants, et préfèrent laisser le gouvernement ou les soupes populaires les aider plutôt que travailler. Comme quoi peu importe où on vit, on va toujours mettre les problèmes de notre coin sur le dos des pauvres. Par contre il semble réellement y avoir un grand nombre de jeunes filles qui se retrouvent mères célibataires dans le coin. Et c’est plutôt étrange de voir que les seules femmes qui sortent dans le club du coin semblent beaucoup plus jeunes. Les filles de mon âge sont soit à l’université (donc pas dans ma ville) ou soit ont déjà des familles. La vie est vraiment différente.

 

Ah d’ailleurs allez voir ce qu’est la punta sur you tube. Et ensuite, sachez que je suis allée à une coronacion (ah ouais, petit intermède coronacion. Ici, toutes les écoles du coin ont l’élection d’une reine et la Feria et le Carnaval ont chacun l’élection d’une reine. C’est un peu l’équivalent des concours miss quelque chose). C’était en dehors de la ville et il y avait plusieurs écoles du coin. En fait, ce n’était pas l’élection de la reina mais plutôt celle de la india. Ils voulaient mettre de l’emphase sur la partie de leur culture qui est autochtone. Il y avait un concours de punta (à la base, la punta est une danse qui vient de la culture garifuna, qui sont d’origine africaine et à la base la punta est loin d’être sexuelle comme celle que vous verrez sur you tube). J’étais légèrement choquée de voir des couples de jeunes d’environ 10-12 ans danser de façon plus sexuelle que je suis capable de le faire!! Ils avaient de la difficulté à faire les mouvements de danse réguliers où le gars fait tourner la fille devant lui, mais les déhanchements et la proximité (le gars derrière la fille), ça c’était maîtrisé. Au moins c’est le petit couple le moins sexuel qui a gagné le premier prix car leur punta était plus « traditionelle ». Enfin bref, ce n’est pas pire que les histoires de filles de 12 ans de chez nous qui font des pipes à leurs amis…

 

Bref, voilà ma vie en ce moment! N’hésitez pas à commenter!

 

Je vous aime!

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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 17:35

48 h au Honduras. Ici, je respecte définitivement mon rythme. Le rythme est très lent, comme dans la plupart des pays « en développement ». La première journée j’ai visité… les centres d’achats! Les gens avec moi devaient acheter des choses qui se trouvent moins facilement dans notre petite ville. Puis on est entrés très tôt à l’hôtel où nous logions, car ici, une fois la nuit tombée, il ne se passe pas grand chose même si San Marcos n’est pas un endroit très dangereux, du moins comparé à Tegucigalpa ou d’autres villes plus grandes.

 

La deuxième journée, j’ai aidé des amies à emménager dans leur nouveau chez-soi et j’ai moi-même emménagé chez une abuela qui prend aussi soin de son petit-fils de douze ans. Il y a une autre canadienne qui vit au même endroit, mais je ne l’ai pas encore rencontrée, car elle est dans sa semaine de mi-stage, donc elle est en voyage quelque part au Honduras. Je vais manger ici deux fois par jour, soit le diner et souper. Pour mes déjeuners, je ne vais manger que des fruits. La nourriture et les choses en général coûtent un peu plus cher qu’où j’étais en Thaïlande. Quoiqu’en 5 ans, les prix ont pu monter là-bas.

 

Je suis donc dans une chambre. La salle de bain me rappelle particulièrement la Thaïlande. Déjà, l’odeur est très similaire. De plus, il n’y a que de l’eau froide, ce qui me rappelle beaucoup de souvenirs (et me fait un peu grimacer pour le moment, mais je vais me ré-adapter). La nourriture est très bonne jusqu’à maintenant. Ils n’utilisent pas beaucoup de légumes pour cuisiner, c’est souvent des produits céréaliers (tortillas) et des « refried beans » ou mélanges de viande avec des trucs ajoutés parfois (une tranche d’avocat, une tranche de fromage, des œufs au déjeuner traditionnel). Apparemment qu’ils sont pas mal friands de sucreries au Honduras, mais où j’habite la dame est diabétique et donc il n’y en a pas. Je ne risque donc pas de trop engraisser le mois que je resterai chez elle, contrairement à ce qu’on m’avait prédit!

 

L’espagnol… j’ai hâte que mon oreille se soit adaptée, parce que j’avoue ne pas tout comprendre ce qu’on me dit. Surtout quand on a des conversations un peu plus poussées au sujet de politique ou de ce que je ferai durant le stage. Mais bon, comme nous sommes trois canadiennes à travailler à la même organisation, on va pouvoir se compléter.

 

Sur ce, je vous embrasse bien fort et je vais aller au marché m’acheter des allumettes pour faire brûler un peu de sauge dans ma chambre, qui sent un peu l’humidité car elle n’était pas utilisée avant mon arrivée.

 

*****

Pour compléter le message préparé tantôt, des petites anecdotes.

 

* Quand je suis retournée la première fois chez la grand-mère où j’habite, je n’étais pas certaine si c’était à elle que je parlais, car elle avait quelque chose sur la tête. J’ai donc dit « je suis la nouvelle qui habite ici » et elle m’a répondu « ben je sais!!! ». Oups!

 

* Je suis allée acheter des choses à une coopérative où je travaillerai. Cela coûtait 60 lempiras (environ 3$), alors j’ai sorti trois billets de 20. Il m’en a remis un en disant « non ». Je me suis dit « ah merde, il faut en plus surveiller de ne pas se faire passer de faux billets! ». Et là j’ai mieux regardé. C’était un 20 canadien. Oups! (l’argent ressemble drôlement au nôtre et les 20 sont de la même couleur!)

 

* En se promenant tantôt avec les copines, on a vu un beau chien et on s’est arrêtées. Puis une copine a vu une fleur par terre et s’est baissée pour la prendre. Le chien s’est sauvé en grognant. Il croyait qu’elle ramassait une pierre! On voit que les chiens sont habitués à leurs amis ici!

 

 

* J’ai vu un trop beau chaton tantôt. J’me suis retenue pour par le ramener!!

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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 19:33

Ça y est. Je pars! Je pars mardi, déjà. Une nouvelle aventure, enfin! Après deux ans et demie sans voyage et quatre ans de sédentarisme, c’est tellement bienvenu!

 

Bilan de mon temps en tant que sédentaire? À la toute fin, j’ai réussi à soumettre mon côté bordellique et à garder mon appartement plus propre. Il paraît que le bordel de son chez-soi est relié au bordel qui sévit dans sa tête. J’avoue que c’est pas trop loin de la mire dans mon cas. Bien que j’aie encore bien trop de sources de stress dans ma vie, je me sens plus consciente de tout cela. Et je vois plus que jamais l’avantage de me la rendre un peu plus facile. Pour moi, être en groupe stressée et être en groupe calme, ça fait toute la différence. La différence entre me sentir avec ou sans, disons. Un objectif que je n’ai pas totalement atteint est celui de persister dans la pratique d’activités qui me font du bien. Je n’ai pas atteint d’équilibre de ce côté, c’est-à-dire ne pas en faire trop ou trop peu. J’ai eu des périodes trop intenses (où par exemple j’avais 5 cours, je travaillais 6 jours par semaine et j’étais présidente de mon association étudiante – ou bien une autre où je travaillais une job normale, je m’y rendais à bicyclette – plus d’une heure par jour – et je m’entraînais en salle deux heures par jour et 4 fois par semaine) et des périodes trop calmes (où je ne travaillais pas et ne faisais pas beaucoup d’activités autres que lire des articles et enfiler des séries les unes après les autres). Je n’intègre donc pas suffisamment d’activités pour moi seulement dans mon quotidien, qui permettent de vivre des moments plus spirituels ou qui relaxent le corps ou qui développent un talent. Je ne m’inquiète pas lors du voyage, c’est tellement plus facile quand tout est à découvrir et que chaque découverte est une source d’énergie incroyable! Sinon, pendant cette période de sédentarisme, j’ai vécu plus près de mes valeurs, en organisant des soupers collectifs à la maison et en partageant épicerie et repas avec mes colocataires. J’ai développé mon envie de m’engager avec un partenaire plutôt qu’être toujours en recherche de nouvelles rencontres. J’ai développé mes capacités de leader. Je me suis rapprochée d’une définition des moyens que j’aimerais utiliser pour bien vivre. J’ai confirmé ma résilience. Bref, le bilan est bon.

 

Que m’emmènera le Honduras? Eh bien, j’espère que l’expérience m’emmènera une acceptation de qui je suis, une certitude de qui je suis. Une sécurité personnelle, qui me permettra de m’affirmer, avec mes limites et mes caractéristiques agréables comme désagréables. Je vais y travailler en faisant des réflexions à partir de lectures et en agissant en ce sens auprès de mes collègues et amis là-bas. Je vais prendre du temps pour m’accomplir tant dans mon travail là-bas que dans des activités que je ferai pour moi. D’ailleurs, je compte utiliser les défis 30 jours que nous a conseillé un collègue rencontré à la formation pré-départ à Québec. Je veux aussi m’inspirer encore une fois de gens qui ont en général moins d’options qu’ici, moins de ressources financières, plus de contraintes, mais qui semblent plus heureux. Leur partager ma vision des choses, leur permettre d’acquérir de nouvelles connaissances. Vivre une belle expérience humaine avec eux.

 

Je continuerai de donner de mes nouvelles sur ce blogue. Je partagerai aussi certaines réflexions avec vous, et j’espère qu’elles vous apporteront quelque chose aussi. Et bien sûr le tout parsemé d’informations sur le Honduras!

 

À bientôt!

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